Aujourd’hui, dans l’immensité du contenu que l’on peut trouver en ligne, je viens ajouter ma toute petite goutte à l’océan comme je peux le faire de façon totalement inconstante.
Je viens démolir des concepts que j’ai autrefois valorisés, aimés, chéris, dorlotés et défendus.
Telle une ex-petite amie fâchée, je vais te parler de comment j’ai perdu mon temps, mon argent et mon énergie dans des mouvements de développement personnel et de spiritualité qui m’ont fait plus de mal que de la violence conjugale.
On s’attaque aujourd’hui au New Age, avec un œil expert, mais une réflexion toujours en cours de construction. J’écris cet article « sur le vif », comme certains pourraient le dire. Je continue à me documenter et à étayer ma pensée actuellement. Tout cela peut encore changer, comme pour tout dans la vie. Sachez que ce sera toujours la seule constante : le changement.
La désastreuse épopée
Cette histoire commence à une date indéterminée. Parce que la vie, ce n’est pas comme à l’école, il n’y a pas une date de rentrée définie marquée au feutre rouge. La vie se résume à plusieurs éléments vous emmenant doucement vers des situations ou des décisions et que, mises ensemble, vous font croire que la vie est un ensemble cohérent.
Spoiler Alerte : C’est faux. Pleins de petites choses viennent s’imbriquer, mais parfois, il n’y a aucun sens caché. Aucune logique, aucune magie.
Mais dans mon histoire personnelle, j’ai cru apercevoir des « signes du destin », comme Disney nous a appris à le croire.
Pour commencer, depuis petite, je suis fascinée par les croyances que les gens ont. Pourquoi pensent-ils cela ? Pourquoi je ne pense pas pareil ? Pourquoi les gens changent d’avis ?
Pourquoi maman nous apprend l’existence de Dieu et puis nous dit quelques années plus tard qu’il n’existe pas ? Pourquoi maman jure fidélité puis trompe papa ? Pourquoi papa déteste les personnes d’origine étrangère ? Pourquoi, quand je dis que je parle aux étoiles et qu’elles réalisent mes vœux, personne ne me croit ?
Bien évidemment, c’est lorsque la vie devient absurde que l’on recherche un sens à ce qu’il se passe. Bien souvent, le sens n’est pas encore visible et les personnes concernées sont elles-mêmes incapables de comprendre le pourquoi du comment.
Mais que nous reste-t-il ? Si rien ne vient, les idées suicidaires vont rapidement montrer le bout de leur nez. Parce qu’une perte de sens de la vie entraine assurément une perte de valeur de celle-ci. Mais, si la vie ne vaut rien, pourquoi la vivre ?
Toutes ces réflexions, je les connais bien. J’ai eu le malheur de comprendre très jeune les mots : « dépression », « anxiété », « trouble alimentaire », « mise en danger ».
Ce profil que je décris tranche totalement avec la jeune fille que j’étais quelques années auparavant. Pourtant, le fondement des dérives que j’ai suivies par la suite se dessinait déjà ; un profil fragile, isolé et en quête de sens pour s’accrocher à la vie.
Ma maman nous avait parlé du Christ et elle a changé de bord. Doucement, elle a commencé à nous parler de mantras, de sanskrit, de yoga et de karma.
Peut-être est-ce comme cela que j’ai été introduite au mouvement New Age sans même m’en rendre compte. Pourtant, cela n’a posé aucun souci pendant des années. J’étais encore ancrée dans la réalité.
Lors de ma folle jeunesse, plusieurs expériences successives m’ont poussé à m’intéresser au monde de l’esprit. Certaines questions existentielles m’ont tellement passionnée que je voulais en savoir beaucoup plus. Les recoins d’internet les plus spirituels m’ont attiré à une époque où Internet était encore une jolie plateforme d’outsiders. (RIP, tu nous manques Internet).
Au début, tout cela était sans véritable conséquence néfaste dans ma vie. J’étais végétarienne, je refusais le capitalisme, j’aimais le yoga, faire des mantras, utiliser les principes de la loi de l’attraction, etc. Rien de bien méchant.
Et doucement, les algorithmes m’ont poussé vers des contenus de plus en plus perchés.
Très jugée et critiquée par mon papa pour ces penchants ésotériques, je me suis enfoncée dans ces croyances pour me différencier. Pour ne pas « faire comme eux ». Plus l’on tentait de nuancer mon avis, plus il devenait tranché.
Je lisais beaucoup de livres tournés vers le développement personnel qui tendaient de plus en plus vers l’occultisme.
J’ai acheté des oracles, commencé à suivre des gourous sur les différentes plateformes de réseaux sociaux.
J’ai acheté des cours en ligne sur les astres, la magie féminine et ce genre de contenu.
J’ai plongé
Ayant toujours été de nature curieuse, je ressentais une véritable effervescence lorsque je découvrais toutes les réponses que m’apportaient les pseudo-sciences.
Il paraissait de plus en plus évident que le monde ne voulait pas voir la vérité : l’Univers est une force cosmique incroyable qui permet de nous renvoyer ce que l’on projette.
J’avais alors trouvé la solution à mes difficultés : faire des vœux à l’univers, des chèques d’abondance, des visualisations et des méditations.
Persuadée que cela allait tout arranger, j’ai aussi pris le temps de consulter des professionnels pour qu’ils me guérissent de mes maux. Car oui, si ma vie ressemblait à un échec, peut-être était-ce à cause de mes mauvaises énergies ?
Quelques séances de Reiki, de la constellation familiales, des conseils astrologiques, des tirages de cartes chaque matin, etc.
Je vous passe les épisodes dans lesquels je donnais mes derniers euros du mois pour pouvoir avoir une séance de tantra ou même me faire scanner le corps par des spécialistes en énergétique.
Mais tout cela n’est rien comparé au temps passé à écouter tous les conseils de ces mouvements qui ont fini par me rendre si malheureuse que je n’étais plus capable de rien faire. Le sommet a été lorsque j’ai suivi des formations « transformatrices » censées m’aider. Mon âme réclamait apparemment ma présence et je devais y contribuer. Des endoctrinements de plus en plus poussés et de plus en plus problématiques.
Des conférences dans lesquelles il était communément admis que la planète Terre n’était qu’un terrain d’expérience pour nos âmes. Que nous venions de différentes planètes. Que la théorie des reptiles ayant assiégé nos âmes était une évidence. Des milieux dans lesquels le vocabulaire est si particulier que vous vous sentez en confiance, car tout le monde utilise le même. Vous vous sentez alors accepté et compris. Parce que vous pensez que vous avez trouvé « l’alignement ».
Tous vous félicitent. Tous s’auto-glorifient.
Nous étions, selon leurs dires, des « éveillés ». Des personnes connaissant la vérité. J’ai entendu des personnes parler avec un ego si sur-dimensionné que les plus grands psychiatres se retourneraient dans leurs tombes.
Le dénigrement du « commun des mortels » était si intense que je me sentais mal à l’aise dans certains exercices proposés. À l’époque, je pensais que c’était peut-être parce que finalement, je n’étais pas capable d’accepter mon « incroyable âme ».
J’ai lu récemment une phrase concernant le New Age que j’ai trouvé si juste que je vous la retransmet : « le New Age, c’est la religion dont vous êtes vous-même le Messie.«
En effet, à coup de soi-disant « développement personnel », l’on apprend que l’on doit se sentir incroyable. Que l’on vaut mieux que ceux qui ne sont pas assez spirituels.
Je pensais trouver un endroit où j’étais enfin libre d’être moi-même, alors que dès que je voulais m’exprimer, l’on me reprenait, car je me trompais certainement. C’était sûrement dû à un blocage énergétique. Et c’était reparti pour des exercices et des mantras. Des séances de reiki ou des méditations.
J’étais si perdue que je ne savais plus quoi faire. L’on m’avait conseillé de couper les ponts avec tous ceux qui étaient « moins bien que moi ». Que cela me permettrait de « m’élever ».
Comment être capable de vivre en paix avec soi-même lorsque l’on est persuadé que l’on fait partie d’une élite mystique qui sera la seule à être sauvée lors d’un tri spirituel arrivant sur terre ?
Cela n’a aucun sens, mais lorsque vous êtes fragile, vulnérable, vous avez envie de croire que vous êtes spécial. On vous le dit : vous êtes incroyable. Qui ne rêve pas d’être aussi bien reconnu ? D’être aimé?
Je me suis blessée
La chute était phénoménale, mais le pire était encore à venir : j’étais si convaincue que ces mouvements finiraient par m’apporter le bonheur tant espéré que j’y ai amené mon compagnon. Car souvent, si l’un « se développe » et l’autre pas… Il y a cassure. Bien évidemment, je ne souhaitais pas cela. J’ai donc décidé d’emmener mon compagnon pour qu’il « s’élève » avec moi. Il a succombé si vite au charme de tout cela qu’il nous a acheté un super programme de formations HORS DE PRIX (plusieurs dizaines de milliers d’euros). Je dois l’avouer, sur l’instant, tout semblait parfait.
Mais quelque chose au fond de mon ventre se tordait : je n’avais pas confiance en ces formations.
Durant cette période de couple difficile suite à la perte de notre logement, aux disputes concernant l’argent et aux opinions de plus en plus divergente, le New Age est apparu comme une solution.
Pendant un temps, cela a pu aider, mais sur le long terme, ça a été un désastre.
En effet, lorsque l’on revient de ce genre de formations, l’euphorie est à son comble. On parle alors de « bonnes énergies ».
Tout nous apparaît clair, notre esprit critique est totalement en dormance et la vie est fabuleuse, car remplie d’un sens que l’on est venu vous enfoncer dans la gorge des jours durant.
Le fait d’avoir un vocabulaire en commun, des moments en couple privilégiés et des espoirs communs nous permettaient de nous rapprocher, comblant ainsi les moments de doutes et de difficultés de couple auxquels chacun doit faire face dans la vie.
Dans ce sublime programme que mon conjoint nous avait offert, un coaching était inclut.
J’ai détesté ce coaching. Il m’a fait tomber plus bas que terre psychologiquement.
La coach, bien peu curieuse et peu intéressée par la personne que je suis, passait son temps à me dire qu’il fallait plus de résultats.
Car la promesse de ce programme était d’être éveillé, aligné et surtout, riche à la fin de tout cela.
Un processus sur deux ans dans lequel plusieurs formations et du coaching intensif devaient nous amener vers l’abondance et le bonheur.
Malheureusement, je ne faisais jamais assez bien à ses yeux. Il devait encore y avoir des « blocages » au fond de moi. Je ne devais pas faire cela correctement. Mes chakras ne devaient pas être assez équilibrés. Je n’étais pas assez combative et ne prenais pas assez de risque.
J’ai, à cette période, détruit le peu d’estime de moi que j’avais mis des années de thérapie à reconstruire.
Habituée à être rabaissée depuis toujours, notre relation n’a jamais pu évoluer. Chaque rendez-vous était de plus en plus inutile et après des années à m’être reconstruite, je retombais dans des travers problématiques. Mes TCA de retour, des anxiétés à ne plus savoir respirer. Des épisodes de décompensation si intenses que je ne voyais plus rien. Je semblais folle. Mon humeur n’était plus stable et mon corps me lâchait.
« Attention, tu dois réussir à atteindre tes objectifs, sinon il est normal que ton âme ne veuille plus rester dans ton corps. Tu n’es plus ancrée, car ton âme ne veut plus s’incarner ». M’a-t-elle expliqué.
Je pense que ce fut la phrase de trop. Je ne suis pas une âme qui tente de se désincarner et de « sortir » de mon corps, je suis une jeune femme en souffrance qu’elle ne cessait de renforcer.
La sortie du mouvement
Je me posais des questions sur l’aspect sectaire de toutes ces choses qui étaient finalement devenues mon quotidien.
Était-ce normal ?
Ma tendance à la remise en question a pris le dessus pendant un temps. Si tous les autres étaient si heureux dans cette mouvance, alors le problème venait forcément de moi.
Mais comment en être sûre ?
J’ai décidé de tout arrêter et de me couper de ce monde.
J’ai rangé mes sortilèges, mes mantras, mes cartes de tarots, mes pendules et tous les autres talismans conseillés. J’ai stoppé mes coachings, mes formations et toutes les influences du New Age (Youtubeurs, Instagram, personnes rencontrées dans ce milieu, livres ésotériques, etc.).
J’ai fini par trouver ce calme et ce vide dont j’avais tant besoin.
J’ai réussi à respirer. Enfin.
Je me suis sentie libérée.
Le constat et l’après
Je ne vais pas mentir, ma vie se retrouve dans un état sens dessus dessous.
Je suis en précarité comme je ne l’avais jamais été, je suis perdue dans la direction que doit prendre ma vie, je suis plus isolée que jamais.
Depuis quelques mois, je fais le point sur ce que j’ai vécu. Je ne pense pas être encore sortie de tout cela depuis assez longtemps que pour réellement avoir un avis assez construit. Je suis persuadée que beaucoup d’éléments, de réponses et de liens se feront encore dans mon esprit concernant toute cette partie de ma vie.
Mais pour l’heure, ce que je sais est que :
- J’étais vulnérable et je cherchais le sens de mon existence, ce qui m’a amené à me plonger dans ces croyances pour ne pas faire face au vide concernant mes angoisses existentielles.
- J’ai été endoctrinée par la porte d’entrée du développement personnel qui est, dans beaucoup de cas aujourd’hui, liée à des concepts de la spiritualité.
- Je suis neuroatypique (autisme), ce qui n’était ,à l’époque, pas diagnostiqué. Je cherchais donc à comprendre pourquoi je m’étais toujours sentie différente et pourquoi je ressentais des choses que l’on pouvait qualifier de « mystiques ». La neuroscience apporte maintenant de véritables explications scientifiques à ces ressentis que j’avais tenté d’expliquer par le spirituel.
- Mon passé d’enfant parentifiée, abusée et humiliée a créé en moi un besoin d’amour et de reconnaissance si fort que je cherche (même inconsciemment) l’appartenance à un groupe qui serait enfin bienveillant avec moi. En des termes plus grossiers : je cherche à trouver de l’amour. Un besoin normal pour tout être humain, surtout ceux qui ont un passé compliqué.
- Les réseaux sociaux fonctionnent désormais avec des algorithmes si puissants que le clivage d’opinions n’a jamais été aussi élevé qu’à l’heure actuelle. Lorsque l’on nous pousse dans un contenu, il peut devenir omniprésent, nous faisant vivre dans un monde imaginaire, donnant l’impression que notre système de pensée est le seul existant. Cela est très dangereux.
- Les soi-disant certitudes « prouvées scientifiquement » qu’avance le New-âge comme « la loi de l’attraction », etc. Sont en réalité sujets à controverse et ,à l’heure actuelle, AUCUNE ÉTUDE scientifique ne prouve que cela fonctionne. Seul un lien avec l’effet placebo peut apporter une réponse car il est, lui, prouvé. Mais l’effet placebo N’EST PAS ÉQUIVALENT à la loi de l’attraction.
- Les sommes brassées par l’industrie du « développement personnel et de la spiritualité » sont gigantesques et cela est devenu un véritable business. Les personnes qui les mettent en avant sont maintenant des vendeurs. Des personnes qui se font de l’argent en vous vendant des choses hors de prix, en vous promettant des résultats phénoménaux sur votre vie. C’est de la manipulation, rien de plus.
- Beaucoup de personnes pensent bien faire dans ces mouvements, mais ne sont simplement plus capables de raisonner par elles-mêmes.
- Des associations de soutien aux victimes de sectes et autres dérives sectaires existent, nous sommes tous sujets à la manipulation, il n’y a pas de honte à se faire aider. Pensez à prendre du recul si vous pensez être « trop impliqué » dans des mouvements spirituels.
À très vite,
Ariane D.
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